Samedi dernier, a eu lieu mon premier Happening Thérapeutique officiel devant le public du Forum des Images. J’ai fait ce que j’aime appeler “chant du silence”. Le principe est simple : chanter une chanson que je ne connais pas, dans une langue que je ne connais pas. Une expérience enrichissante, que j’ai sentie naturelle. J’étais, à ma grande surprise, exempte de trac. J’appréhendais, mais sereinement (c’est possible, oui). L’esprit clair, j’ai pu condenser l’expérience pour la faire tenir en très peu de temps.
La chanson s’est chantée d’elle-même, jusqu’à ce que je sente le moment de terminer. Je l’ai arrêté de façon un peu trop abrupte à mon goût, le cadre ne se prêtait pas à l’approfondissement. Je sens qu’il aurait été possible d’aller beaucoup plus loin mais je suis heureuse : c’était une belle première fois devant un groupe.
Lors de mes séances individuelles, j’utilise aussi le chant du silence. Après m’être mise en lien avec le consultant, je laisse mon corps chanter. Je ne cherche pas à comprendre. Je ne sais pas ce qu’il se passe. Progressivement, les vibrations tissent d’elles-même une mélodie, nous propulsant dans le présent, au fil du chant. Une nouvelle réalité naît spontanément, créée par le son, lui-même né du lien entre le consultant et moi, de l’espace autour de nous, et de l’intention. Cette intention, je ne la décide pas non plus. Elle s’impose à mesure que les notes s’égrènent, l’alimentent, la soutiennent ; elle s’intensifie, se déploie, atteint son apogée, puis redescend, jusqu’à s’éteindre. L’expression a diffusé l’intention. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je me suis laissée porter par la vague.
En tête à tête, cette expérience est forte pour les deux protagonistes. C’est un voyage dans le présent, un présent où chaque seconde est unique, inattendue : l’objectif d’un Happening Thérapeutique. J’aime beaucoup le chant comme médium, il ne nécessite aucun autre support que le souffle.
Devant un groupe, l’expérience est différente. Un groupe est plus puissant qu’un individu isolé. Lorsque je me retrouve devant un public, je ressens une aspiration, un vide magnétique. La force est grande. Ce premier Happening m’a fait réaliser que j’avais ici en face de moi majoritairement des “spectateurs”. Ils regardaient, avec beaucoup d’intérêt et de curiosité, le “spectacle”. D’autres entendaient une “prestation”. Passivement. Un happening Thérapeutique fonctionne si les personnes en présence sont actives. La posture passive du spectateur transforme l’acte thérapeutique en prestation.
Cette expérience m’a fait réaliser que pour être plus efficace, je devais préparer le public à recevoir. J’ai mis au point depuis des “éveilleurs”, de petits protocoles destinés à mettre le public en posture active. Je les utiliserais la prochaine fois. Certains sont expérimentaux, d’autres ludiques… Je suis impatiente et curieuse de les tester avec vous.